La Riponne dans le temps

 

Une histoire de Louve et de Grenette

Charles Vuillermet, L’ancien pont de la Riponne, vers 1820, lithographie, vers 1885, coll. Musée Historique Lausanne, © Atelier de numérisation Ville de Lausanne, Jean-Marie Almonte.

Vers 1820. Le pont de la Riponne, deux lavandières lavent leur linge dans la Louve.

Le tracé de la Louve au pied de la Cité, d’après la carte de Lausanne de Mathieu Méran. Vers 1630-1635.

1816

Afin d’éviter les crues et de lutter contre les épidémies propagées par les eaux usées, de grands travaux sont entrepris entre 1812 et les années 1830. La rivière est canalisée et le vallon est entièrement comblé. La nouvelle place de la Riponne est terminée en 1838.

Anonyme, Voûtage de la Louve, aquarelle, lavis, plume et encre sur papier, 1816, coll. Musée Historique Lausanne, © Atelier de numérisation Ville de Lausanne.

La Grenette en 1842

Dessinée par l’architecte lausannois Henri Fraisse, la légendaire halle aux grains est construite entre 1838 et 1840 au centre de la place. Elle est inaugurée le 7 novembre. Une semaine auparavent, le 31 octobre 1840, la Riponne était particulièrement animée et colorée autour de l’édifice. Elle vivait son tout premier marché. La Palud, où celui-ci se déroulait depuis le Moyen-Âge, manquait de place.

Anonyme, Vue de la Place de la Riponne et de la nouvelle Halle au Blé à Lausanne., lithographie aquarellée, 1842, coll. Musée Historique Lausanne, © Atelier de numérisation Ville de Lausanne, Ulrich Choffat.

Le marché est dans l’ADN de la ville

Entrepôt à blé et marché couvert principalement, la Grenette abrite aussi diverses manifestations (expositions d’art, brocantes, réunions politiques, bals populaires ou banquets); en 1894 s’y déroule l’exposition suisse de boulangerie et pâtisserie et en 1903 l’exposition de la Société Romande des femmes peintres & sculpteurs. Elle sert aussi de salle de gymnastique, parfois de cantine, notamment lors de la Fête de la Société cantonale des chanteurs en 1894. 

1860

François Bonnet, La Place de la Riponne vers 1860, aquarelle et pastel sur papier, 1860, coll. Musée Historique Lausanne, © Atelier de numérisation Ville de Lausanne.

1893

La place de la Riponne, un jour de marché, alors qu’ont débuté, dès l’année précédente, les travaux préparatoires en vue de la construction du Palais de Rumine. Plusieurs bâtiments seront alors démolis, dont la buanderie Haldimand. Le chantier dévoile les fondations du couvent dominicain de la Madeleine et de son église, tombée en ruine après la Réforme et déjà détruite au XVIe siècle.

Anonyme, Vue de la place de la Riponne un jour de marché, photographie, 1893, coll. Musée Historique Lausanne, © Atelier de numérisation Ville de Lausanne.

Vers 1900

Anonyme, Vue de la place de la Riponne un jour de marché, carte postale, entre 1898 et 1905, coll. Musée Historique Lausanne, © Atelier de numérisation Ville de Lausanne.

Le Palais de Rumine est érigé grâce au legs de Gabriel de Rumine, fils d’un prince russe, décédé en 1871 à l’âge de 30 ans. Le bâtiment de style néo-Renaissance florentin, dessiné par l’architecte lyonnais Gaspard André, est inauguré le 3 novembre 1902 avant d’être achevé. Il abrite alors des musées cantonaux et la nouvelle Université de Lausanne. Les aménagements intérieurs seront terminés en 1906. Décrié par des architectes et urbanistes, il fait partie désormais du paysage auquel est attachée une partie des Lausannois-es. Il n’en a pas pour autant acquis une note élevée au patrimoine vaudois.    

«Lausanne la paysanne…»

1919

Les marché-concours de bovins et de chevaux sont organisés régulièrement sur la place.

Eugène Würgler, Vue du marché aux bestiaux à la Grenette, photographie, 1919, coll. Musée Historique Lausanne, © Atelier de numérisation Ville de Lausanne.

1923

Anonyme, Vue générale de la place de la Riponne prise depuis la place Madeleine, photographie, 1923, coll. Musée Historique Lausanne © Repro. Atelier de numérisation Ville de Lausanne.

1926

La Riponne est le lieu de rencontre historique entre la ville et la campagne vaudoise. Les mercredis et les samedis, les chars des maraîchers et des agriculteurs qui vendent les produits de leur ferme au coeur de la ville sont nombreux.

Kern prénom indét., Vue de la place de la Riponne avec la Grenette et le Palais de Rumine, photographie, vers 1926, coll. Musée Historique Lausanne, tous droits réservés. Crédits repro.: Atelier de numérisation Ville de Lausanne.

En souvenir de la Grenette

1933

Alors que de plus en plus d’automobiles circulent sur la place de la Riponne et s’y garent, l’ancien marché aux grains a perdu de son utilité. Il est démoli en 1933, au grand dam de  nombreuses voix critiques, notamment parmi les ingénieurs et architectes. Ces derniers réprouvent cette disparition et déplorent non seulement le style du Palais de Rumine mais les nouvelles contraintes de son implantation.

D’une place vouée au commerce et au marché paysan, populaire, les autorités politiques ont misé sur  le prestige d’une académie et le faste du palais. En cette première moitié de XXe siècle, « Lausanne la paysanne fait ses humanités » à marche forcée. La ville aspire à prendre place sur la scène internationale en attirant touristes,  diplomates et grands de ce monde comme l’illustre, en 1923, la conférence du Traité de Lausanne signé au Palais de Rumine.

Louis Curtat, La Grenette Lausanne, aquarelle sur papier, 1933, coll. Musée Historique Lausanne, © Atelier de numérisation Ville de Lausanne.

Populaire et conviviale malgré tout

1957

Samedi 13 avril à la Riponne: la fête foraine côtoie le marché.

Anonyme, Vue de la place de la Riponne un jour de marché et de fête foraine, photographie, 13.04.1957, coll. Musée Historique Lausanne, tous droits réservés. Crédits repro. : Atelier de numérisation Ville de Lausanne, Olivier Laffely.

Anonyme, Vue de la place de la Riponne un jour de marché, photographie, coll. Musée Historique Lausanne, tous droits réservés. Crédits repro. : Atelier de numérisation Ville de Lausanne, Marie Humair.

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1958

Années 50-60. Les voitures empiètent sur les plates- bandes du marché.

VW Coccinelle, Fiat, Citroën 2 CV ou Renault 4 CV, symboles de la voiture populaire de l’époque, envahissent la Riponne.

Anonyme, Vue de la place de la Riponne un jour de marché, photographie, 1958, coll. Musée Historique Lausanne, tous droits réservés. Crédits repro. : Atelier de numérisation Ville de Lausanne, Marie Humair.

Les temps modernes

«Un désert de béton» sans âme

2023

Le bâtiment qui barre la vue au nord de la Riponne, utilisé aujourd’hui par l’administration cantonale, a été achevé en 1964, 10 ans avant l’ouverture complète du parking souterrain de 1190 places sur 4 niveaux.

Quand bien même la fontaine Eau de Vie, inaugurée le 9 septembre 1993, est venue rafraîchir la place brûlante sous le soleil en été, la Riponne a montré pratiquement le même visage au teint grisâtre durant plus de 50 ans.

Marché des articles de seconde main et brocante

La Riponne aux soins intensifs

2024

Début août, la Municipalité prend tout le monde de court en annonçant que la dalle supérieure du parking – qui présente un danger d’effondrement – doit être consolidée de toute urgence. La place est fermée à toutes activités pendant les travaux qui débutent moins de deux semaines plus tard. Le gros du chantier dure plus d’un an.

Chantier de la Riponne,  27 septembre 2024 ©JmC.

Aujourd’hui

Relookée mais toujours en pavés de béton

2025

Samedi 13 septembre, les Lausannois-es étaient invités à inaugurer les nouveaux aménagements de la Riponne et la fresque colorée de l’artiste Caroline Bourrit. Elle symbolise la Louve qui coule sous la place, mais elle est appelée à s’effacer d’ici 2028 pour faire place au projet définitif de la ville qui prévoit de maintenir l’essentiel de cet espace en pavés de béton.

Petits et grands ont pu écrire des mots d’espoir sur le sol, des voeux intimes recouverts d’une peinture blanche. Mais certains messages à fleur de pavés ont été partagés avec le public… 

Photos de la Riponne 2023-2025 ©JmC.